L’approche systémique, théorisée notamment dans le MOOC de l’ADEME, est essentielle : elle nous apprend à décrypter la réalité en pensant globalité et complexité pour identifier des leviers durables.
Mais sur le terrain, la théorie doit devenir action. Chez Terravox, nous avons fait face à l’échec des stratégies traditionnelles dans l’habitat collectif, là où les facteurs résidentiels (suroccupation, bacs collectifs) interagissent de façon complexe. Notre mission : transformer le « pourquoi » en un outil directement opérationnel, le « comment ».
👉 Cet article, c’est la nouvelle colonne du Bureau d’Études de Terravox. L’occasion de mettre en lumière l’expertise de notre équipe à travers une analyse mensuelle percutante. Bonne lecture !
L’approche systémique : théorie et cadre général
Le MOOC de l’ADEME nous éclaire sur l’approche systémique en nous rappelant qu’il s’agit d’une manière de penser, d’agir en tenant compte de la globalité, de la complexité et des interactions du système. Il s’agit d’une approche qui a une portée méthodologique : observation, analyse, modélisation et simulation. Ces quatre étapes permettent de comprendre la réalité dans son ensemble pour identifier les leviers d’actions durables.
L’approche systémique n’est pas une méthode unique et figée : elle fonctionne selon différents modèles d’analyse, adaptés aux contextes et finalités. Le Mooc met avant tout en lumière la puissance des boucles de rétroaction et des diagrammes causaux pour comprendre les dynamiques d’un système. Ce sont d’ailleurs des paradigmes que nous utilisons régulièrement chez Terravox.
Tout l’enjeu devient alors de développer des modèles plus opérationnels et directement actionnables en matière de gestion des déchets.
Ce constat ne vient pas de nulle part : il est né d’une expérience de terrain. Tout a commencé à la suite d’une étude menée dans un quartier prioritaire de la ville, à Trappes. Le contexte était emblématique : 84 % des habitants d’HLM y vivent en habitat collectif1. Ce type de résidence se caractérise par des facteurs spécifiques qui complexifient l’action écologique : la présence de bacs collectifs, une population majoritairement constituée de locataires2 et des situations fréquentes de suroccupation3.
Or, ces facteurs défavorables n’agissent pas isolément ; ils interagissent de manière complexe, ce qui a pour effet de rendre inopérantes les stratégies traditionnelles de modification des comportements. Ce constat est au cœur de la thèse en sciences comportementales intitulée « Dis-moi où tu habites, je te dirai si tu tries », rédigée par Jean Damien Grassias et soutenue par Terravox, Citeo et la Région Île-de-France.
C’est précisément pour résoudre cette problématique écologique majeure – l’amélioration du tri des déchets à l’échelle d’une résidence – que nous avons dû abandonner les approches habituelles. La complexité de la situation exigeait une connaissance approfondie du contexte ciblé.
Nous avons donc adopté une approche systémique, en commençant par un diagnostic résidentiel global, capable de mettre en lumière les conditions réelles du tri.
Un diagnostic systémique pour agir
Afin de comprendre l’influence du système résidentielle sur les décisions des foyers, nous menons un diagnostic 360°. Cet outil consiste à dresser un inventaire complet de la situation d’une résidence. L’objectif est de comprendre l’état actuel avant d’agir, afin d’avoir une vision globale et fiable des forces et freins du territoire étudié.
Ce diagnostic s’appuie sur trois facteurs déterminant le geste de tri systématique selon l’observatoire du geste de tri (sciences humaines et comportementales) : SAVOIR, POUVOIR et VOULOIR.

- SAVOIR : les habitants ont-ils les informations nécessaires pour trier correctement?
- POUVOIR : disposent-ils des infrastructures ou moyens nécessaires pour agir ?
- VOULOIR : quelles sont les motivations, représentations, freins psychologiques et culturels ?
Cette approche est volontairement opérationnelle et pragmatique. Elle repose sur une grille de lecture claire qui permet rapidement d’identifier où se situe(nt) le(s) blocage(s), d’adapter les recommandations d’actions en conséquence et de guider concrètement les interventions sur le terrain.
De l’analyse au plan d’action : transformer le diagnostic en solutions
L’analyse issue de notre diagnostic 360° sert de boussole pour construire des plans d’actions adaptés, toujours en nous appuyant sur notre triptyque savoir – pouvoir – vouloir.

- Niveau 1 – Pouvoir : Agir sur les infrastructures (efficience du système) pour faciliter un maximum le bon geste
- Niveau 2 – Savoir & Vouloir : Sensibiliser (transmettre les informations) au “bon geste”
- Niveau 3 – Vouloir : Travailler sur l’appropriation des communs et la relation entre les parties prenantes
Ainsi, Terravox combine ces niveaux pour identifier précisément ou agir, selon la faille observée : manque de pouvoir, savoir ou vouloir. Cette approche permet de prioriser les interventions et de maximiser leur impact.
Une valeur ajoutée pour les partenaires
En adoptant cette approche, nous apportons aux acteurs locaux une compréhension partagée des enjeux, un diagnostic ancré dans la réalité et des solutions co-construites qui ont plus de chance de réussir.
Cette vision prend tout son sens à travers nos MCC (Ma Communauté Circulaire), des dispositifs conçus pour :
- Réduire les déchets et améliorer le geste de tri sur un territoire
- Contribuer à renforcer le lien social et l’attachement au lieu de vie
- Améliorer le cadre de vie et la propreté des espaces communs
De manière concrète, nos MCC permettent d’accompagner les bailleurs et les collectivités dans une meilleure compréhension des enjeux locaux et la co-construction de solutions adaptées aux réalités du territoire.
Notre travail mené à Limoges, dans le cadre de notre marché de performance en partenariat avec Suez, illustre parfaitement cette démarche. Dans ces territoires la mobilisation des acteurs locaux a permis de renforcer leur compréhension des enjeux propres à leur écosystème. Cette dynamique collective a favorisé l’émergence de solutions réalistes et durables, portées à la fois par des habitants, des bailleurs et des partenaires.