Zoom sur les encombrants et dépôts sauvages

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Aujourd’hui, nous vous parlons d’un enjeu majeur pour les collectivités et les bailleurs sociaux : les encombrants et les dépôts sauvages. Les conséquences en sont bien connues, de la charge financière pour les territoires à l’impact sur l’environnement des usagers.

Si les chiffres qui paraissent au fil des années sont alarmants, ils ne racontent pas toute l’histoire. L’acte de dépôt sauvage ne relève pas toujours d’un simple manque de civisme. Il est souvent le symptôme d’une chaîne de gestion défaillante. C’est en comprenant les différents phénomènes qui la composent, que l’on peut véritablement agir pour transformer durablement les pratiques.

👉 Cet article, c’est la nouvelle colonne du Bureau d’Études de Terravox. L’occasion de mettre en lumière l’expertise de notre équipe à travers une analyse mensuelle percutante. Bonne lecture !

L’état des lieux

Alors que plus de 6 millions de tonnes d’encombrants sont jetés chaque année et qu’ils représentent 13% du volume total des déchets des ménages, leur quantité ne cesse d’augmenter (plus 33% entre 2011 et 2021) et nous n’arrivons encore qu’à en capter un faible pourcentage pour l’orienter vers le réemploi et le recyclage (ainsi seulement 20% des DEEE sont recyclés).

Les encombrants sont un flux de déchet qui nous intéresse particulièrement au sein du Bureau d’Études de Terravox car ils illustrent bien comment un système, avec ses parties prenantes, ses boucles et ses liens de causalité peut fonctionner entraînant des effets désirables (des encombrants collectés, recyclés, réutilisés) et des effets indésirables (des dépôts sauvages).

En effet, l’organisation de la collecte des encombrants, et les interactions complexes entre les parties prenantes engendrent régulièrement des dépôts sauvages, avec pour résultats :

  • Des coûts supplémentaires pour la collectivité et le bailleur,
  • Une dégradation du cadre de vie pour les habitants,
  • Un gisement important d’objets ne pouvant pas être recyclés ou réemployés.

Ainsi, une étude de l’IFOP réalisé pour l’association Gestes Propres sur la gestion des encombrants des Français en milieu urbain et péri-urbain, montre que 25% répondants sont auteurs de dépôts sauvages (ce taux monte à 36% en Ile-de-France).

Au fait…

– Un encombrant est un déchet ménager volumineux ou non qui fait l’objet d’une collecte spécifique (hors OM/MM/Verre/DA) dont les modalités sont déterminées par la collectivité

– Un dépôt sauvage est un dépôt illégal de déchets, abandonnés par une ou plusieurs personnes sur un terrain privé ou public.

Comment l’expliquer ?

Comme d’autres flux de déchets, les comportements de gestion des encombrants reposent sur 3 piliers (on vous en parlait dans cet article) : le SAVOIR, le POUVOIR et le VOULOIR. Ainsi, le geste de dépôts sauvages ne relève pas systématiquement d’un manque de bonne volonté des habitants mais peut s’expliquer lorsqu’un ou des éléments de ces piliers ne sont pas réunis.

C’est tout l’intérêt de l’approche systémique : essayer d’englober le point de vue de tous les acteurs pour identifier les points de blocage et savoir à quel niveau agir pour changer le système.

SAVOIR : une méconnaissance des consignes

Selon l’enquête de Gestes Propres, 44% des répondants déclarent ne pas connaître les options de collecte des déchets encombrants proposés par les collectivités.

Et bien qu’il y ait une conscience des risques engendrés par les dépôts sauvages sur la sécurité et la dégradation de l’environnement, 46% des auteurs de dépôts sauvages pensent bien faire car cela peut permettre à quelqu’un d’autre de récupérer l’objet par exemple.

POUVOIR : Une “incapacité” à respecter les modalités de collecte

C’est un fait que l’on retrouve souvent lors de nos diagnostics sur les territoires, confirmé par l’étude de Gestes Propres.

Les modalités de collecte des encombrants ne sont pas toujours adaptées aux besoins des habitant qui n’ont pas systématiquement un moyen de locomotion pour se rendre à la déchetterie, ou la capacité de se déplacer, ou la possibilité de stocker l’objet encombrant chez eux en attendant le passage de la collecte.

VOULOIR : Un manque de motivation et de raisons d’adopter le bon geste

Notre manque de motivation à adopter les bons gestes de gestion des encombrants est le résultat de multiples facteurs comme par exemple un manque d’attachement à notre lieu de vie. C’est un pilier parfois difficile à cerner et sur lequel il n’est pas toujours évident d’agir.

L’étude de Gestes Propres met en avant un élément intéressant : la perception de la gravité du dépôt varie entre milieu naturel, milieu rural et milieu urbain. Alors que les répondants jugent « impensable » de déposer un objet illégalement en milieu naturel, que c’est « grave » de le faire en milieu rural, cela est jugé plus ordinaire en milieu urbain.

Cela est dû à une perception différente de l’importance de préserver notre lieu de vie et donc de la gravité d’altérer son environnement en y déposant un objet. Ainsi, une manière de lutter contre les dépôts sauvages en milieu urbain peut être de jouer sur cette perception de son lieu de vie et sur notre volonté de le préserver.

Cas d’usage : comment améliorer la gestion des encombrants en habitat social collectif ?

La gestion des encombrants dans l’habitat social collectif est un défi complexe. Chez Terravox, nous sommes convaincus que pour résoudre ce problème, il faut d’abord en comprendre les origines profondes.

Notre approche repose sur un diagnostic détaillé, qui nous permet d’aller au-delà de la simple observation. Nous nous immergeons dans l’environnement des résidences, nous rencontrons les habitants et les équipes de proximité pour évaluer les facteurs qui influencent les pratiques de tri des déchets. Ces facteurs incluent l’environnement de vie, les interactions sociales et les spécificités logistiques.

Un exemple concret de cette démarche est le travail que nous avons mené avec Toit & Joie dans la résidence Maurice-Thorez à Champigny-sur-Marne. Après un diagnostic complet, nous avons pu identifier des problèmes précis : des locaux poubelles surchargés, un manque de sensibilisation et des outils de communication inadaptés. Les solutions mises en place ont été aussi variées que ciblées : réaménagement des espaces encombrants, installation d’un système d’accès par badge, et mise en œuvre de campagnes de sensibilisation participatives.

Cette collaboration réussie démontre que la clé n’est pas une solution unique, mais une stratégie sur mesure, co-construite avec les résidents et les bailleurs. Elle prouve que le gâchis peut se transformer en une ressource, et que la propreté du cadre de vie peut devenir un levier d’économies.

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Comment fonctionne un diagnostic pour améliorer la gestion des déchets ?

Le diagnostic est la première étape incontournable pour toute stratégie efficace et durable de gestion des déchets. Chaque territoire forme un système complexe, où infrastructures, comportements et dynamiques sociales interagissent. C’est pour cette raison qu’une approche systémique permet non seulement de cartographier les enjeux, mais aussi d’identifier les leviers d’action

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